4) Questions et remarques sur le projet du SEVE
(en italique, les réponses du SEVE apportées par MM. Oertli et Selmani)
Pourquoi pas des bacs avec des arbres devant la bibliothèque, pour donner de l’ombre à cet endroit beaucoup trop chaud en été, alors qu’il y a des chaises longues pour s’y installer ?
Le SEVE ne peut que s’occuper des surfaces de terre actuelles. Il doit rester dans la géométrie existante. Dégrapper un rectangle dans la dalle de béton n’est pas de son ressort. C’est le Service de l’aménagement urbain qui s’occupe de tout ce qui est surfaces minérales.
Nous comprenons bien que cela est hors du cadre qui est le vôtre. Mais si on est réuni en forum, c’est aussi pour rassembler les idées des usagers, puisque nous habitants sommes les « experts du quotidien », pour pouvoir ensuite nous tourner vers les services compétents avec nos idées et nos besoins
Avant la construction de la piste cyclable, des plantes avaient commencé à s’installer le long des murets. Dans la commission qui avait autrefois demandé qu’il y ait plus d’accès à la couverture et de passages, on espérait qu’il y aurait de la terre avec des plantes sur toute cette longueur, sur une surface bien plus importante que les demi-lunes qui ont été aménagées ensuite.
C’est effectivement un thème de réflexion à examiner. D’autant plus que des plantes grimpantes n’ont pas forcément besoin d’un grand volume de terre.
Les bambous sont pleins de vie, il y a beaucoup d’oiseaux. On parle beaucoup de respecter l’architecture et l’histoire, mais on devrait aussi écouter un peu plus les habitants et leurs avis, et les laisser s’approprier le lieu.
La végétation, c’est super, il faut accentuer cet aspect, mais il faut qu’elle soit essentiellement consacrée aux enfants. Le problème avec la végétalisation, ce sont les chiens. Les écriteaux ne sont pas respectés. Les chiens doivent être exclus de la couverture, pour les enfants.
Du côté Délices, je ne crois pas à une buvette, mais à un lieu pour des expositions temporaires, comme vous l’avez fait cette année. Car des buvettes et des bistrots, dans ce coin-là, il y en a suffisamment.
Le SEVE transmettra à ses collègues les points mentionnés qui ne sont pas de son ressort, par exemple le problème de la signalétique à mettre à jour.
Une participante est un peu étonnée, voir scandalisée, qu’on parle de mode à propos de végétation. Les bambous, moi je trouve cela magnifique, et qu’il faut les laisser.
La durée de vie de 20 ans qu’on indique pour des arbres concerne ceux qui sont en bac, pas ceux en pleine terre. Sur la couverture des voies, la situation des arbres, plantés dans un espace de terre restreint, est tout à fait artificielle. Au bout de 20 ans, malgré toute la bonne volonté du SEVE, la terre est épuisée, mieux vaut remplacer les arbres, pour avoir de la végétation qui se développe, plutôt que de laisser des plantes qui peut-être ne meurent pas, mais ne poussent plus du tout.
Ne pourrait-on pas mettre des plantes en bac, par ex des glycines, pour donner de l’ombre à des endroits comme devant la bibliothèque ? Et prolonger la vie des arbres en enrichissant la terre, en amenant chaque année du compost ? C’est même une chose dont des habitants du quartier pourraient se charger.
On peut toujours ramener de la matière organique. Mais le problème est la profondeur, de 60cm ou 1m. C’est pour cela que l’idée est de surélever le sol, pour avoir une profondeur suffisante.
Serait-il possible d’avoir une végétation qui soit intéressante pédagogiquement ? Par un exemple un potager, des arbres fruitiers, un parcours sur les voies qui fassent travailler les sens, les saisons pour les enfants. Nous sommes plusieurs familles dans le quartier, qui constatons qu’il y a un besoin pour pouvoir se rencontrer à l’extérieur, un lieu parents enfants ou ceux-ci peuvent jouer et apprendre.
C’est effectivement un thème à creuser. L’initiative par ex. d’avoir installé un potager près de la pataugeoire est à saluer. Il y a là une piste à développer à l’avenir en atelier
J’ai vu des exemples à Genève et à Nantes ou un botaniste écrivait à la craie le nom de toutes les mauvaises herbes. Par ailleurs, avec la chaleur, on voit beaucoup de plantes desséchées. Y a-t-il un arrosage automatique prévu, ou un système de récupération de l’eau de ruissellement ?
Sauf erreur les eaux de pluie des surfaces minérales sont récoltées aux extrémités et sont déversées dans une grille sur le trottoir. Pour l’arrosage, il faut savoir que c’est très énergivore. De manière générale dans pour les parcs, le principe du SEVE est de ne pas toujours courir derrière pour compenser le stress hydrique. Le principe est donc plutôt de mettre des plantes qui peuvent supporter la sécheresse. Mais si on peut utiliser la récupération des eaux de pluie pour les plantes, c’est un mariage heureux.
L’idée d’inscrire les noms à la craie est excellente, elle va dans le sens de la pédagogie mentionnée juste avant.
Une personne trouve la largeur de la piste cyclable et de la partie de l’avenue des Tilleuls fermée à la circulation assez effarante. Ce n’est plus une piste cyclable, c’est une autoroute à vélos ! Ne pourrait-on pas diminuer de moitié cette surface minérale qui emmagasine la chaleur, et faire de la partie le long de la couverture, là où il y a les demi-lunes, une grande bande végétalisée ?
Cette largeur de la surface en enrobé saute effectivement aux yeux. Le point avait été soulevé, mais il y a des passages pour le Service du feu. On peut donc prospecter pour voir ce qu’il est possible de faire dans la bande des demi-lunes, mais sans oublier qu’il y a des usages invisibles (Service d’Incendie et de Secours) dont il faut tenir compte.
La largeur de la piste cyclable a aussi pour but que les vélos puissent circuler à une vitesse relativement grande en ayant la possibilité d’éviter d’autres usagers comme les poussettes ou les chiens.
Enlever le bitume dans les rectangles entre les arbres est une bonne idée, mais attention à ce que ça ne devienne pas des parcs à chiens, ou des cachettes à drogues. De plus, il est utile de garder des passages en dur pour que les cyclistes puissent rejoindre la piste cyclable depuis l’avenue des Tilleuls s’ils ne l’ont pas fait dès le départ.
Il faudra effectivement tenir compte des spécificités d’usages de lieu en lieu pour voir ce qu’on peut dégrapper. Pour les chiens, on peut soit mettre des barrières, soit observer et voir ce qui se passe. En tout cas c’est une problématique qu’on a en tête.
Un habitant intervient pour dire que s’il n’est pas un fan des bambous, il doit reconnaître qu’ils abritent énormément d’oiseaux.
M. Selmani ajoute qu’il en a aussi observé beaucoup dans le jardin en mouvement.
Est-ce que votre idée d’élargir l’espace disponible autour des jeux signifie qu’il y aura moins de végétal dans cette zone ?
La proposition est d’élargir le rectangle gravier-jeux-plantes méditerranéennes sur la partie en jaune pour avoir un seul grand ensemble pour répondre aux usages qu’on observe déjà maintenant, en prolongeant donc la thématique méditerranéenne commencée il y a quelques années avec la présence d’oliviers et d’autres plantes.
J’ai vu des arbres assez différents sur la couverture des voies, par ex. le cerisier ou le figuier, qui vont très bien. Combien d’arbres vont être maintenus ? Car dans votre présentation on voit des espaces, mais on ne voit pas le profil de ce que ça va devenir.
Effectivement, c’est assez étonnant à observer sur la couverture, il y a quelque fois des arbres qui se portent très bien, avec une belle couronne, etc. Il y a par ex aussi un saule marsault, pas très loin de la pataugeoire. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne va pas abattre des arbres qui vont bien. Il n’y a aucune raison d’y toucher. Ce sont surtout les acacias sur les petites places, souvent qui poussent peu, qui sont concernés.
Mais avec la nouvelle végétation, il y aura un décalage, notamment en matière d’ombrage. Il faudra des années.
Oui, c’est inhérent à la matière avec laquelle on travaille, avec le vivant. On peut mettre toutes les chances de notre côté en mettant des arbres à gros développement qui ont déjà une certaine taille. Mais c’est clair qu’au début l’ombrage ne sera pas là. L’investissement est de donner les meilleures conditions au niveau du sol, car c’est lui qui fera la canopée par la suite.
Pour les arbres, n’y a-t-il pas des solutions pour conserver l’humidité au niveau du sol, à l’image de ce qu’on peut faire avec la permaculture dans un potager ?
Il y a le paillage, qui est fréquemment utilisé. Ou on met de la végétation au pied des arbres, qui fait un effet tampon, qui est bienvenu. Mais un arbre utilise beaucoup plus d’eau que les plantes basses ! Et sur cette dalle en béton il n’y a pas d’eau. C’est vrai, il y a des arbres qui poussent dans le désert, mais ils poussent très très très lentement.
Pierre Varcher a une question par rapport à ce que le SEVE cherche à faire. Il a bien compris ces propositions sont de l’ordre de l’amélioration, de l’ombrage, de comment faire face au stress hydrique, au vieillissement. Mais il ne voit pas bien le lien avec le discours politique qui dit que la Ville a maintenant pris conscience qu’il y a urgence climatique. Et qu’un des premiers impératifs est de déminéraliser la ville, pour lutter contre la production de chaleur et favoriser la circulation d’eau.
S’il a bien compris, poursuit-il, le principe sera maintenant de mettre les questions de végétalisation sur le même plan que les questions de mobilité et de construit. Désormais, quand on fera un aménagement dans un quartier, on ne mettra plus d’abord le construit, puis la mobilité, pour au dernier moment se demander où on peut installer un arbre. Il y aurait donc une véritable politique de la ville ou toutes les questions de végétation et d’environnement seraient prises de manière fondamentale.
Alors dans ce débat, est-on uniquement sur les questions de réaménagement, ou bien peut-on aussi affronter des questions plus fondamentales ? Est-ce qu’il y a quelque part la volonté d’avoir à terme – et c’est qqch que l’on pourrait faire ensemble – une véritable politique de végétalisation et de maintien de la végétation dans le quartier ? De se dire par ex que la rue des Cèdres est un axe important à sauvegarder, de même la végétation dans la rue Miléant, et qu’il faudrait créer aussi des articulations avec la couverture des voies. Mais on est sur une autre échelle. Pierre Varcher explique que son souci est que si on passe à cette échelle là on ne va plus rien nous faire dans l’immédiat ; et son autre souci, que si on fait des petits trucs comme ce qui est projeté dans l’avenue des Tilleuls, on en prend pour 20 ans parce qu’on ne va pas retoucher cet endroit.
Pour le SEVE, ce sont des échelles complémentaires. Nous sommes à un tournant des mentalités concernant la végétation et l’aménagement. Il est important qu’on donne plus de poids à la végétation dans la planification du domaine public de la ville. Alors qu’elle était un peu le parent pauvre jusqu’ici. On est à un carrefour, c’est en train de changer. Mais après, c’est vrai, c’est aussi une échelle macro, politique et décisionnelle.
Le projet pour la couverture, lié à un mandat politique précis, est très localisé. Mais nous savons très bien qu’il y a d’autres questions. Il y a aussi la perspective d’ensemble, à l’échelle de la ville. L’un n’empêche pas l’autre.
Le SEVE constate le tournant actuel par ex. dans la collaboration avec le génie civil, qui était très aménagement routier, et qui est maintenant extrêmement ouvert nos propositions. Or ils sont eux-même victimes de la manière dont les canalisations sont organisées dans les rues et sous les trottoirs, qui souvent rend impossible la plantation d’arbres. On croit qu’il suffit de creuser un trou pour planter un arbre. Mais dans la majorité des lieux en ville on ne peut pas planter d’arbres ! Le SEVE a analysé chaque m2 en ville pour identifier les endroits qui sont vraiment plantables. Et on n’a trouvé qu’une vingtaine de lieux. C’est hallucinant !
Il y a donc un travail de fond à mener avec les services cantonaux pour organiser les installations des SIG différemment, afin qu’on puisse planter dans les trottoirs. C’est un travail pas seulement du SEVE, mais de l’ensemble de l’administration cantonale et municipale. Sur la direction à prendre tout le monde est d’accord. Dans la prochaine législature, il y aura certainement du changement et une priorité politique absolue donnée à la dimension verte. Cela une période très intéressante pour nous, et également pour vous pour demander des projets de végétalisation dans les quartiers.