Mardi 29 mars 2022 – alors que la commission de l’aménagement et de l’environnement avait voté un préavis négatif – le Conseil municipal de la Ville de Genève a approuvé le Plan localisé de quartier "Bourgogne", par 42 oui, 24 non et 1 abstention.
Ce PLQ prévoit la création de 450 logements par la construction d’immeubles de 6 étages à la place des villas existantes. Il avait fait l’objet de rencontres d’information et de discussion avec les habitant.e.s (cf. par ex. sur le site du Forum l’annonce de la séance 29 janvier 2018), et il a été examiné par la commission de l’aménagement et de l’environnement du Conseil municipal.
La commission a tout d’abord auditionné le Service de l’urbanisme de la Ville et l’architecte chargé du projet de PLQ.
Ceux-ci ont assuré avoir travaillé en faveur d’une densification qualitative. Ils ont notamment souligné les points suivants :
- Un périmètre proche de la gare, et situé à proximité des transports publics.
- Une préservation maximum de la valeur des sols : la part construite du périmètre, actuellement de 13%, passerait à 19%, mais avec bien plus de logements.
- La création d’un parc public au centre de la zone bâtie (les immeubles seraient construits le long des rues) en conservant le maximum de la végétation existante, notamment les arbres à grand développement et les arbres fruitiers.
- Ce parc permettrait de relier par un cheminement ceux des Franchises et de Geisendorf.
- Une amélioration de la biodiversité selon l’avis du Service du paysage.
Après une rencontre avec deux représentants de promoteurs immobiliers concernés par ce PLQ, la commission a alors auditionné des représentant.e.s de l’association des habitants.
Ils ont présenté leurs objections au projet présenté :
- Les rencontres d’information n’ont abouti à aucune prise en compte des observations faites par des habitant.e.s.
- La densité dans cette partie de la ville ne fait qu’augmenter sans aucune vie de quartier.
- La hauteur prévue des immeuble est trop élevée. Il faut la ramener à R+4 et abaisser la densité à 1,2 au lieu de 1,6, afin de créer des dégagements et de conserver des poumons de verdure.
- La faune a déjà largement disparu, et il n’est pas possible que la biodiversité puisse subsister dans ce PLQ.
- Il est incohérent de bétonner à tout va la ville pour faire venir des nouveaux habitants, au détriment de la qualité de vie.
Après ces auditions, la commission de l’aménagement et de l’environnement du Conseil municipal est passée au vote, et refusé le projet présenté, par 6 non (1 UDC, 3 PLR, 1 Ve, 1 MCG) contre 5 oui (4 S, 1 EàG) et 4 abstentions. Et elle a recommandé au Conseil administratif :
- de créer des immeubles R+4 au maximum ;
- de limiter l’indice d’utilisation du sol (IUS) à 1,2 ;
- qu’une partie des logements servent à des logements relais pour les parents
- quittant le domicile lors d’une séparation.
Pour le détail des discussions de la commission, voir le rapport téléchargeable sur le site de la Ville
Cependant, le Conseil municipal n’a pas suivi cet avis de la commission, et approuvé le projet du Conseil administratif.
Pour le compte-rendu de la discussion au Conseil municipal, qui pourrait faire l’objet d’un référendum lancé par les opposant.e.s au projet, voir les articles (réservés aux abonné.e.s)
- de la Tribune de Genève (Théo Allegrezza) : Le Municipal tolère une densification « qualitative » aux Charmilles
- du Courrier (Rachad Armanios) : La densification passe la rampe
Rappelons toutefois – comme on peut le voir dans la description de la procédure d’adoption ci-dessus – que le vote du Conseil municipal ne constitue qu’un préavis, et que la décision finale revient au Conseil d’Etat (cf. L’aménagement pour les nuls)