Paru dans le courrier des lecteurs du journal "Le Courrier du 27 février 2008
POLLUTION • Armelle Loiseau Moser s’interroge sur les moyens d’action possibles afin de pousser les autorités de la Ville de Genève à prendre des mesures pour limiter le taux de particules fines.
Enfermer les enfants pour laisser
rouler les voitures tranquillement ?
Ne pas prendre le risque de frustrer
quelques jours par année des
adultes qui ne peuvent pas s’en passer ?
Par contre, cloîtrer sans vergogne
les enfants, les personnes
âgées et les asthmatiques ? Cela vous
paraît aberrant ? C’est pourtant
exactement ce qui s’est passé ces
derniers jours à Genève.
Ma fille, âgée de 3 ans, est revenue
de la crèche ce soir en me disant : « Tu
sais maman, aujourd’hui on pouvait
pas aller dans le jardin à cause de la
pollution ! ». Mes chaussettes en sont
tombées... Je n’en revenais pas.
Il est donc bien plus simple pour
les pouvoirs politiques de décider
que les enfants doivent rester enfermés
que de faire en sorte de limiter
un tant soit peu la circulation automobile
ou de prendre d’autres
mesures ?
Ces directives pour garder les enfants
des crèches de la Ville enfermés
lors de pics de pollution, sont bien
sûr les bienvenues si les enfants sont
en danger. Mais comment est-ce
possible que dans notre ville, dans
notre pays, l’on préfère enfermer les
enfants plutôt que prendre des décisions
qui limiteraient efficacement le
taux de particules fines ?
Je n’arrive pas à comprendre ce
choix qui me paraît tout simplement
scandaleux et aberrant.
J’ai deux jeunes enfants et cela
m’inquiète aussi beaucoup quand je
pense au monde que nous allons leur
laisser.
Est-ce que les politiciens, les personnes
élues par le peuple n’ont
comme seule ambition de ne froisser
personne et de ménager toutes les
susceptibilités ? Est-ce pour cela que
rien ne se fait, rien ne bouge ? Que faire ?
Comment contrer les lobbys de la
voiture « sacro-sainte » pour faire valoir
le droit des enfants et des plus
fragilisés ? Est-ce tellement utopique ?
Peut-être faudrait-il s’unir pour
dire notre ras-le-bol et exiger des décisions
et des changements au niveau
des pollueurs et non pas des
victimes de la pollution.
Peut-être faudrait-il créer un lobby
pour que les enfants puissent
continuer à sortir et s’amuser ? Se
réunir au sein d’un comité de mères
en colère et défiler chaque semaine
jusqu’à obtenir satisfaction ?
ARMELLE LOISEAU MOSER, Genève