Soirée forum du 18 octobre 2021

Végétaliser le quartier : un débat, et des pistes

  • , actualisé le
  • par Nicolas

En lien avec la réflexion de la commission Transition écologique de la Maison de quartier et du Forum, un débat pour imaginer ce qui peut être fait dans le quartier pour lutter contre le réchauffement climatique.

  Sommaire  

 4. Inventaire des points, thèmes ou lieux à discuter

Sont d’abord rappelées un certain nombre de thématiques importantes repérées par la commission transition écologique de la Maison de quartier et du Forum :

  • La végétalisation des toitures (à l’image du projet en cours de la coopérative Voies couvertes)
  • Les corridors verts (comment créer ou prolonger les couloirs végétaux qui permettent à la faune de se déplacer dans l’espace urbain)
  • Conserver, renforcer, transformer, créer (réfléchir aux actions possibles dans le quartier selon ces 4 types d’intervention)
  • Dégrapper le sol (enlever le revêtement minéral pour revenir à la pleine terre)

D’autres thèmes sont ajoutés par des participant·e·s à la soirée :

  • Les émissions de CO2 et leurs sources (trafic)
  • Le bétonnage et le réchauffement
  • L’eau
  • Les parkings (notamment les taux de parkings pour les habitations)
  • Le réaménagement de l’extrémité de la couverture des voies côté Délices
  • La végétalisation et l’aménagement de la couverture des voies
  • Cohérence et coordination entre entités publiques
  • Les propriétés privées (jardins en rez, immeubles, façades, architecture)
  • Transformer des tronçons de rue en espaces verts
  • Les reports de circulation sur les axes les plus chargés

Pierre Varcher précise que le but est autant que possible de cibler des problématiques du quartier, en repérant des lieux précis, où l’on estime que quelque chose devrait être fait. Car c’est bien à cette échelle que les habitant·e·s sont des experts du quotidien.

Il est donc important d’avoir à l’esprit l’implantation des zones vertes existantes : l’axe formé par le bord du Rhône et les falaises, l’avenue d’Aïre et sa double rangée d’arbres, la couverture des voies avec le renforcement de la végétalisation qu’il faut opérer, le parc Geisendorf en bordure du quartier, celui des Franchises, le cimetière de Châtelaine. Car ces espaces manquent de liens entre eux, notamment dans la transversalité depuis l’axe des bords du Rhône. A nous donc de réfléchir aux actions possibles pour ajouter à la végétation existante (par exemple rue des Cèdres, rue de Miléant) des espaces végétalisés qui créeront des continuités vertes dans le quartier.

Les participants choisissent alors les thèmes qu’ils souhaitent aborder en petits groupes. (Ces thèmes sont ceux qui sont surlignés dans la liste ci-dessus). A noter que les thèmes Dégrapper le sol et Transformer des tronçons de rue en espaces verts sont réunis pour former le sujet du même groupe de discussion.

 5. Discussion en groupes thématiques


 6. Remontée des groupes et synthèse

 Les propriétés privées

Le premier constat est que les personnes participantes sont en grande majorité locataires. Dès lors, comment agir auprès des propriétaires et des régies ? Mais le groupe a aussi parlé de la possibilité de végétaliser les balcons, même s’il n’est sans doute pas possible d’y faire n’importe quoi.

Concernant les plus grands espaces, il a été question par ex. d’un bas d’immeuble qui est goudronné, et où il semble très difficile d’intervenir. Les surfaces végétales privées sont très diverses : on trouve des pelouses tondues à ras comme dans les années 80, ce qui ne favorise évidemment pas la biodiversité, tandis que d’autres laissent de la place aux herbes folles.

Le groupe a parlé du périmètre de l’Europe, qui constitue un vaste espace privé. Ce périmètre contraste fortement avec les surfaces gérées par le SEVE. On trouve dans celles-ci des surfaces entretenues par des jardiniers, avec la présence de prairies fleuries. Alors que l’Europe est gérée par un service de conciergerie, avec des haies taillées à ras, des pelouses rases, des arbres peu entretenues, et cela constitue une coupure au milieu des zones de biodiversité existant dans le quartier.

Il a aussi été question des normes architecturales. Notamment à propos à propos de la tour de la place des Charmilles, dont le projet remonte à 2011, alors que les questions de réchauffement climatique n’étaient pas aussi présentes qu’aujourd’hui. Cela pose la question de la mise à jour des anciennes constructions, afin qu’elles correspondent aux normes actuelles. Comment peut-on donc pousser les propriétaires privés à agir dans ce sens ? Est-ce aux locataires d’agir ? Ou est-ce plutôt le rôle du politique ? La question est ouverte.

 Conserver, renforcer, transformer, créer

Le groupe a travaillé sur le plan du quartier, en réfléchissant selon deux stratégies.

D’une part, en partant du Rhône, ramener la nature le plus possible vers l’intérieur du quartier, en agissant à un certain nombre de points clés (y compris dans des espaces très minéraux comme l’av. Gallatin, en s’appuyant sur les jardinets existants). Cette stratégie devrait être mise en œuvre, après un diagnostic, dans tout nouveau projet.

D’autre part travailler sur des espaces existants plus petits, en créant des zones bien aménagées pour en augmenter le confort des personnes. Le groupe a repéré un certain nombres d’endroits, par ex. l’école de Cayla, où des cours d’immeubles privés (certaines sont un peu végétalisées mais fermées, d’autres seraient à transformer de façon plus importante).

Autre question enfin : comment faire pour que les transformations faites soient suivies dans le temps ?

 Le réaménagement de l’extrémité de la couverture des voies côté Délices

Le groupe a discuté d’une proposition de Robert Perroulaz, dendrologue habitant le quartier, qui a réfléchi à un aménagement possible de cet endroit occupé par une zone de bambous qui marque, on l’a dit, l’emplacement d’une brasserie prévue dans l’aménagement de la couverture mais qui ne s’est jamais réalisée.

L’idée est de réaliser un espace utilisable pendant la période chaude de l’année, par la création de deux structures rigides, qui reprendrait la forme des bâtiments situés sur la couverture et sur lesquelles on pourrait installer des plantes grimpantes donnant une certaine fraîcheur. L’une aurait pour but d’accueillir du public ; l’autre, interdite au public, serait dédiée à la biodiversité et serait destinée aux oiseaux, aux insectes, et aurait ainsi une porté symbolique par son emplacement au début de la couverture des voies.

 Les émissions de CO2

Un rappel tout d’abord : le CO2 est important car il est la principale cause du changement climatique, par son rôle dans le renforcement de l’effet de serre. Il n’a jamais été aussi abondant dans l’atmosphère depuis 800’000 ans.

Le groupe a fait deux colonnes, nommant les deux principales causes de production de CO2 : le trafic, et les immeubles. 30% du CO2 est dû au trafic, 40% est dû aux immeubles. Au niveau du trafic, il faut enlever les voitures qui ont des moteurs thermiques, et les remplacer. Mais si on a des voitures électriques, il faut les charger. Or il manque des bornes de charge. Et plus fondamentalement il faut pouvoir produire de l’électricité. Et avec l’augmentation démographique chacun voudra sa voiture ! On les mettra ou ces voitures ? On rigole, mais il faudra bien faire quelque chose.

On a imaginé de faire un grand axe traversant le canton, avec des haltes silos ou les gens déposeraient leur voiture avant de prendre un petit véhicule électrique autonome. Et il faudra des pistes cyclables.

Au niveau des immeubles, isoler les toitures, les végétaliser ou mettre des panneaux solaires, isoler les murs, utiliser des pompes chaleurs et la chaleur du sous-sol. Pour cela il faut des lois, car sans cela l’être humain ne fait rien.

 Déminéraliser pour végétaliser

En examinant la carte du quartier, le groupe a trouvé beaucoup d’endroits où cela serait possible : il y a les cours d’école, il y a de nombreux parkings en surface, il y a les axes où on pourrait planter deux rangées d’arbres, celles qui ont été supprimées à l’époque pour faire place à la voiture.

Il a aussi été question des arbres en face de Planète Charmilles, à la rue de Lyon : non seulement les voitures se parquent sur leurs racines, mais ces places en bordure d’un grand axe muni d’une bande cyclable sont source de danger, et devraient être supprimées en priorité.

Il y a des espaces à créer autour du cycle de Cayla, en associant les élèves. On a entendu que certains voulaient faire quelque chose. Le groupe a repéré également cette étrange contre voie sur l’avenue d’Aïre. Un endroit où il y a déjà beaucoup de circulation, et où de nombreux enfants traversent. On pourrait là facilement supprimer la circulation et végétaliser d’avantage cette allée. On nous a dit aussi que sur le plateau de Saint-Jean les plantes poussaient difficilement en raison de la présence de cadmium dans le sol. Cela serait à vérifier.

Quant aux essences des arbres, faut-il tenir compte du réchauffement et planter des espèces résistantes à la chaleur ? Mais le paradoxe est que les autres espèces accompagnant normalement ces essences ne sont pas là, et qu’on n’a alors pas d’équilibre biologique. Il y a là un problème de temporalité : comment les choses peuvent-elles jouer ensemble dans un processus d’évolution ?

Enfin, nous avons aussi noté à la rue de Miléant le terrain privé appartenant à une fondation de logement HBM, qui pourrait être végétalisé, avec un tronçon de la rue Charles-Giron qui pourrait être déminéralisé.

Il y a donc du travail à faire, d’autant plus que les autres groupes ont certainement repéré d’autres emplacements que l’on pourrait végétaliser.
[carte]

 Corridors verts

Le groupe a eu deux plans de discussions. Dans le premier, il a été dit que pour réaliser des corridors verts, il ne faut pas oublier qu’il y a des solutions relativement faciles à mettre en œuvre. Notamment avec des bacs, des jardins au pied des immeubles. Un lieu possible serait le large trottoir de l’av d’Aïre sur le tronçon entre le café du Furet et la rue Camille Martin, en imaginant un projet collectif d’entretien de jardins. Mais cela pourrait se faire ailleurs dans le quartier.

Deux trois lieux ont été identifiés sur la carte à titre d’exemple. En prolongeant la pénétrante du nant du petit Cayla, en transformant et renforçant ce qui existe vers l’école de Cayla et le long du cycle d’orientation. On voit ainsi qu’on peut avoir des solutions qui ne nécessitent pas forcément des très grosses réalisations.

Un autre lieu repéré est la rue Camille-Martin, qui va être dans la partie vers l’école fermée à la circulation, on pourrait réaliser des plantages, revoir les arbres actuels un peu crevotant pour renforcer tout cela, et déminéraliser.

Un autre enjeu est celui des transversales. Comment par exemple relier les falaises du Rhône au parc Geisendorf, à travers les Charmilles ? Car il y là des gros obstacles, comme la couverture des voies, aux abords de laquelle on a gardé un espace extrêmement minéral. Ainsi, le tronçon de l’av des Tilleuls fermé à la circulation avant la rue de Miléant a été laissé en l’état et ne sert à rien. On pourrait envisager la création d’un parc à l’instar de ce qui a été fait juste de l’autre côté sur la rue de Saint-Jean. Cela nécessiterait que l’on conserve et que l’on renforce qui se trouve à la rue des Cèdres et à la rue Miléant.

Mais ensuite, comment arriver à Geisendorf, avec la barrière de la rue de Lyon et la barrière des immeubles ? C’est là qu’on peut être plus imaginatif, avec des solutions plus faciles à réaliser, avec des bacs pour sauter d’un espace à l’autre.

 Suppression de places de parc en faveur d’espaces verts

Le groupe n’est pas parvenu à un consensus. avec une vision plutôt volontaire d’un côté, et une vision plus raisonnée de l’autre. Une question est celle de quels parkings on parle : ceux des habitant·e·s, ou ceux des pendulaires ? Une autre est de savoir s’il y aura un changement avec la prochaine génération : si on lui propose de la mobilité douce, sera t elle plus tentée d’opter pour cette façon de vivre ?

A propos des parkings souterrains, ne faudrait-il pas les mettre en balance avec la quantité de terre qu’ils mobilisent et qui ne permet plus de planter de grands arbres ? Le fait qu’ils sont en partie inoccupés vient-il du fait que plus de 40% des ménages n’ont plus de voitures, ou est-ce parce qu’ils sont trop chers ?

Il faut aussi s’attacher au lieu et se rappeler qu’à la même époque ou on a couvert les voies CFF on a aussi décidé de protéger les rives du Rhône et de laisser tomber un certain nombre de places de parc en surface. Saint-Jean pour la partie falaises n’est donc pas le lieu le moins favorable à la biodiversité et à la verdure. Mais il y a peut-être des progrès à faire, et regarder zone par zone pour voir on l’on pourrait faire mieux.

 Mobilité

Ce groupe souligne tout d’abord ce point premier et crucial : il faut absolument diminuer le trafic motorisé individuel pour accéder au centre ville. C’est là la priorité. Car pour tout ce qui a été dit par les autres groupes (mobilité, végétation), il faut de l’espace.

Deuxièmement, il faut empêcher les possibilités de transit dans le quartier, en créant des poches pour que les gens étant obligés de ressortir par là ou ils sont entrés ne transitent plus.

Troisièmement, il faut une réflexion globale sur une meilleure collaboration et interférence entre l’État et les communes. Car pour tout ce qui concerne l’urbanisme c’est l’État qui décide. La Ville doit toujours demander confirmation, approbation, même pour la pose des signaux routiers. Ça ça ne va plus. La Ville intervient dans des action locales par ex. pour des action éphémères, comme à la rue Gallatin, et des inversions de priorités, des zones de rencontre avec priorité aux piétons et à la mobilité douce. Mais il faut commencer par quelque chose, et c’est par la diminution du trafic individuel motorisé.

 Participants à distance

Une petite dizaine de personnes ont suivi la soirée via internet. La discussion a toutefois été moins riche de cette manière, faute sans doute du côté convivial du partage réel autour d’un plan du quartier. Deux remarques ont été faites. Tout d’abord, commencer petits à petit, en dégrappant par petits bouts, également dans des endroits privés, en voyant avec la régie si on ne peut pas enlever quelques mètres carrés de béton.

Ensuite, une des bibliothécaires de Saint-Jean a expliqué que le projet de végétalisation des toits des bâtiments de la coopérative des Voies couvertes leur faisait bien envie. La bibliothèque est un bâtiment de la Ville, mais les bibliothécaires ont cru comprendre du conseiller administratif de leur département et de la directrice des bibliothèques que la bibliothèque de Saint-Jean serait un des prochains toits à végétaliser. Mme Perler peut-elle le confirmer ?

Frédérique Perler répond qu’elle ne peut ni confirmer ni infirmer cette déclaration.

La question posée alors est celle-ci : Comment la Ville va-t-elle mettre en œuvre son projet de végétalisation des toits de ses bâtiments ? Par quoi va-t-elle commencer ? Si les habitant·e·s crient très fort « Notre bibliothèque avec un toit végétalisé ! », cela va-t-il influencer la Ville ?